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Rencontre avec les parents : "l'adolescence, l'autorité et les réseaux sociaux." jeudi 26 mars 2015

Rencontre de Mlle Sana Abi Rached avec les parents
Thème de la rencontre : "l'adolescence, l'autorité et les réseaux sociaux."

Adolescence, Autorité et réseaux sociaux

 

            Grandir, est souvent perçu par les parents comme un acte agressif, puisque grandir signifie symboliquement prendre la place de quelqu'un. Or le rôle d'un adolescent est justement de grandir et de développer sa propre autonomie. Et pour le faire il va falloir s'opposer, s'affirmer et buter principalement contre les parents et leur autorité.

            Nous savons que l'adolescence est une période de changements radicaux au niveau du corps, de la sexualité et de la psyché de l'enfant. C'est une période de transition et de remaniements psychologiques importants. Un renversement  fondamental a lieu à l'adolescence: les parents  ne sont plus source de réconfort et de sécurité comme ils l'étaient avant, leur présence tantôt si recherchée est désormais source de malaise et de tension.

            En plein crise d'adolescence, le jeune veut se différencier, se démarquer mais en même temps veut continuer à dépendre de ses parents et à s'identifier à eux. C'est comme s'il y avait deux besoins contradictoires qui veulent être satisfaits: celui de provoquer ses parents mais aussi de continuer à maintenir le lien. C'est à ce niveau que s'installe la situation paradoxale à l'adolescence: le conflit est adopté par l'adolescent comme moyen privilégié pour rentrer en contact avec les parents  mais aussi pour se rechercher lui-même et trouver ses propres limites. C'est pour cela que l'on parle de dialogue de sourds à ce moment car en même temps qu'il demande à être compris, l'adolescent fait tout pour ne pas l'être comme pour vouer ses parents à l'échec (type de réponse-clichés: vous ne me comprenez pas, de toute façon vous voulez toujours avoir le dernier mot…)

            C'est cette manière d'être à cet âge qui va permettre à l'adolescent d'accéder à la différenciation et à l'identification (ses parents étant toujours son modèle). L'adulte doit donc savoir que ce dialogue est nécessaire même si rarement satisfaisant.

            Cette crise de l'adolescent mène à ce qu'on appelle la crise parentale suscitée par de nombreuses pertes auxquelles les parents doivent consentir et accepter: la perte de l'image de l'enfant qu'ils avaient en tète avant qu'il grandisse, puisqu'il semble leur échapper. Face à l'adolescent, les parents peuvent se sentir abandonnés, délaissés, oubliés ou même se mettre dans une attitude de rivalité agressive.

            Il est donc souhaitable qu'ils maintiennent un dialogue avec leur adolescent même s'ils doivent en connaitre les limites et le caractère insatisfaisant. L'absence de dialogue sera le plus souvent vécue par l'adolescent comme une marque d'indifférence ou de quasi-abandon même s'il fait tout pour ne pas rentrer dans un dialogue  positif.

            Dans ce contexte nous remarquons la difficulté du rôle des parents puisque à cet âge ils devraient accepter ce rôle difficile que celui de supporter l'ingratitude de leur adolescent et accepter de recevoir des "coups" en protégeant et contenant leur enfant.

            C'est là qu'émerge le rôle de l'Autorité Parentale. Pour un adolescent, se trouver face à une limite est quelque chose de profondément rassurant même s'il ne le reconnait pas. Même si dans l'instant même il cherche à transgresser l'autorité, il aurait besoin de  limite pour pouvoir se construire et s'affirmer. Cette limite ne doit donc pas céder, elle serait là à assurer un cadre contenant pour l'enfant. Les parents ont intérêt à garder le grand calme à se maîtriser et ne pas être entrainés par les provocations de leur enfant.  

            L'autorité veut dire appeler à la vie, faire croître, donc elle autorise à grandir. Elle permet l'accès à la liberté quand elle associe fermeté, souplesse et limites. L'adolescent teste les limites pour vérifier les barrières.

            L'exercice de l'autorité n'est pas chose facile parce que la tentation du contrôle et du pouvoir est très grande. Si les parents choisissent le contrôle, ils auront du pouvoir sur leurs enfants mais pas leur confiance. Or une relation de confiance ne se tisse pas du jour au lendemain et n'apparait pas subitement au 14ème anniversaire de l'adolescent.

            Voilà pourquoi une bonne autorité se base sur une bonne communication dans un climat de confiance mutuelle. S'intéresser au monde de l'enfant dès son bas âge, être présent dans ses conversations, lui indiquer le bon du mauvais, le faux du vrai, l'inciter à réfléchir sur des questions qu'il se pose pour en tirer lui-même les conclusions. Et rester le garant des valeurs et des règles qu'on lui transmet. Voilà pourquoi il est important de nommer les règles devant être respectées et ce dans l'objectif premier de protéger l'enfant.  Quant aux sanctions, elles sont efficaces dans la mesure où elles sont appliquées dans l'objectif de réparer l'acte inacceptable. Ex: il est rentré à minuit au lieu de 11h, la fois d'après il rentre plus tôt que prévu. Il est l'auteur d'un dégât, il remet en état ou il rembourse de son argent de poche. Tout cela l'aide à développer son sens de responsabilité et à le rendre autonome. Les sanctions doivent être dosées, énoncées clairement, dites avec beaucoup d'amour et de fermeté et non par réaction ou vengeance.

L'autorité parentale sans dialogue est une impasse et peut être exercée de façon à:

  • valoriser l'adolescent
  • ignorer ses provocations: ne pas répondre à son insolence tout en insistant sur le respect qu'il doit maintenir en communiquant
  • négocier
  • donner l'exemple
  • lui faire confiance: lui donner des responsabilités, l'aider à gérer son argent de poche.

            L'une des difficultés qui entravent de nos jours l'installation du processus d'une bonne autorité réside dans le fait d'oublier chez les parents l'écart de générations qui existe entre eux et leurs enfants comme pour maintenir la nostalgie d'une jeunesse qui n'est plus : ce sont les parents qui, au lieu de permettre à leurs enfants de s'identifier à eux, inversent la situation et ont tendance à vouloir s'identifier à leurs enfants.. Ils veulent leur ressembler et ne respectent plus la différence de génération qui est essentielle pour la construction du Moi.    L'adolescent peut se retrouver sans repère et sans limite avec un parent-copain ou complice qui n'ose pas le froisser…

            A l'opposé, une grande rigidité ne permet pas non plus à l'ado de faire l'expérience du dialogue..

            Entre ces deux extrêmes, les parents doivent jongler et  il est préférable qu'ils ne renoncent pas à leurs systèmes de valeur même s'ils savent que leur enfant ne peut y adhérer au moment même.

 

            On en arrive à la question des réseaux sociaux. Leur usage est en développement continu partout dans le monde et séduit en grande partie le monde des jeunes. Les réseaux sociaux sont un lieu où les jeunes se retrouvent avec leurs amis, comme dans un espace public dans lequel  ils peuvent traîner. Ils sont hautement populaires et sont en quelque sorte les lieux modernes de rencontre, de détente et d'information .

            Il est vrai que parmi les avantages de la présence sur le net nous retrouvons le fait de développer des habiletés sociales et améliorer la communication, offrir une bonne occasion d'apprentissage et fournir beaucoup d'informations etc. mais il existe le revers de la médaille qui annonce des inconvénients majeurs tels que la présence des dangers des prédateurs, de la cyber intimidation, du harcèlement en ligne, du sexting etc. mais aussi  des risques d'atteinte à la vie privée, de la dépendance aux jeux et autres.

            Il est donc essentiel que les jeunes soient informés du mode d'emploi de l'internet, des tablettes ou des portables qu'on leur fournit pour un usage sain et approprié et de leur participation aux réseaux sociaux. Les jeunes usent de beaucoup de liberté mais liberté ne veut pas dire autonomie. D'une manière générale, surveiller, espionner n'est pas la bonne solution. Les parents ont intérêt à ouvrir le dialogue, à se pencher sur le monde de l'internet et à apprendre son langage notamment le langage facebook et watsupp, ce langage commun entre eux et leurs enfants, une fois acquis constitue un terrain commun d'échange et facilitera la communication parents-ado , ainsi les parents  pourraient s'intéresser aux préoccupations de leurs adolescents et être proches d'eux afin de faciliter l'échange et la communication. Face au fléau des médias sociaux, ils ne peuvent qu'assurer une sorte d'immunité psychique contre les dangers et risques du web et ce en posant des règles d'usage dès le départ, en informant leurs jeunes.

Quelques approches permettant aux parents d'accompagner et de prévenir leurs enfants contre les risques du web :

  • Développer leur esprit critique en discutant avec eux par exemple des phrases métaphoriques genre: Etre populaire sur facebook c'est comme être riche au Monopoly: ce genre de discussion éveille la réflexion et favorise la prévention.
  • Imposer des sanctions à leurs enfants au cas où ils font un usage inapproprié de leur portable: comme lorsqu'ils se rallient à un groupe watsupp contre un camarade de classe et y exhiber une méchanceté gratuite. Les sanctions peuvent aller des excuses à présenter à la personne concernée jusqu'à confisquer le matériel etc.
  • Informer les enfants de l'absence des secteurs privé et intime sur les réseaux sociaux comme lorsqu'ils diffusent une photo, celle-ci ne les appartiendra plus désormais. Leur apprendre la nécessité de rester discret et de garder  un jardin secret essentiel au déploiement de leur espace psychique intérieur.
  • Inculquer aux enfants la notion du droit : le droit à avoir un secteur privé et intime et le devoir de respecter celui des autres. Ex: ne pas avoir le droit de diffuser une photo sans le consentement de la personne en question…

            Il est vrai que de nos jours l'exercice de l'autorité constructive devient de plus en plus difficile et les parents se retrouvent facilement "manipulés" culpabilisés" par leurs enfants qui exigent par exemple d'avoir un portable individuel à un âge précoce parce que leurs amis en ont déjà un. Or la décision d'emmener ces accessoires technologiques ne  relève que des parents et des principes éducatifs qu'ils instaurent dans leur famille indépendamment de toute influence extérieure.

            Reste à savoir mettre en application leurs systèmes de valeur en ayant le courage de dire parfois non.